Avant propos
On me disait souvent, lorsque j'étais à l'école primaire, que
j'avais toujours la tête dans les nuages. C'était une manière de parler,
très imagée et en rapport avec un comportement contemplatif qui m'a
toujours caractérisé.
Mais en grandissant, je me suis rendu compte que ces masses moutonneuses
étaient régies par des lois très complexes que je ne pouvais pas vraiment
comprendre. Les nuages étaient devenus des objets physiques dont
l'indéterminisme me plongeait dans la béatitude lorsque je levais les yeux
au ciel. Et comme je ne peux pas devenir aviateur, je ne pourrai donc jamais
caresser ces moutons célestes et débonnaires.
Cette situation changea le jour où je découvris dans la bibliothèque du lycée
un article qui décrivait un modèle physique récent : les gaz sur réseaux hexagonaux.
Comme je connaissais déjà les automates cellulaires, j'ai compris qu'avec
quelques astuces il serait peut-être possible de domestiquer des nuages virtuels sur
un ordinateur de bureau, ce qui me fit entrevoir des perspectives alléchantes.
Après de nombreuses recherches, l'enthousiasme s'est calmé devant la complexité
cachée par le modèle physique et ses limites inhérentes. Mais ces années de
maîtrise me permettent de franchir au moins deux caps :
- celui de la recherche personnelle et informelle qui évolue vers la recherche
plus méthodique avec un plus grand sérieux et une plus grande légitimité,
- celui d'un programme qui calque simplement le modèle de départ vers un
code mûri et abouti, d'un niveau quasi professionnel.
Tout cela au bénéfice des utilisateurs et des connaissances réunies dans ce mémoire.
L'avénement des ordinateurs personnels, des serveurs et des réseaux accessibles à tous,
la diffusion libre et instantannée de l'information et le développement exponentiel de
l'électronique digitale, tout en nous affranchissant du "monde réel", nous permettent
de jeter un nouveau regard sur tout ce qui nous entoure. Contrairement à ce qu'on
imaginait, la technologie nous donne de nouveaux outils pour mieux explorer la nature
sans la détruire, grâce aux expériences virtuelles en particulier.
Même si mes ambitions n'ont pas encore abouti, même si je ne peux pas encore simuler
des allées de Von Karman dans les conditions que je m'étais fixé, les années
que j'ai passées à programmer les Gaz sur Réseaux ont été l'occasion de découvrir
des choses merveilleuses et de les apprendre à ma manière. Je n'en serais pas
arrivé au point actuel sans une forte dose de passion et la volonté de comprendre
le monde réel, vous comprendrez alors pourquoi je dédie ce mémoire
aux nuages, gardiens de nos rêves
(Puisse-t-il y en avoir toujours à nos fenêtres)
|