page créée par Yann Guidon (whygee(a)club-internet.fr) le vendredi 1er décembre 2006
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PCBart, la magie de la photographie noir&blanc sur cuivre

Je connaissais le ASCIIart depuis longtemps et ai joué avec le HTML (cf ../misc/CONS001.HTM par exemple). Et comme je fais de l'électronique, j'ai accès à de nombreuses techniques que je peux détourner à des fins autres qu'utilitaires (artistiques, décoratives, amusement...)

En particulier, j'utilise depuis longtemps la méthode classique de photogravure pour fabriquer des circuits imprimés. Ma méthode reste un peu archaïque et n'arrive pas à la cheville des productions industrielles mais me permet de répondre rapidement à des demandes de prototypage par exemple. J'ai gravé mes premiers circuits avec un tupperware dans la baignoire (à l'âge de 12 ans avec rubans et pastilles autocollantes), et j'ai beacoup affiné ma technique depuis ! Mais quand on utilise du matériel d'amateur, on reste limité au résultat d'amateur.

Actuellement, j'utilise des plaques présensibilisées, insolées avec la malette classique avec les 4 tubes UV. Mes transparents (destinés à la rétroprojection) sont imprimés au laser à 600dpi, ce qui me permet de réussir des pistes très très fines. Mais le reste est un peu aléatoire : la durée d'insolation, la température/concentration/usure des bains, les surfaces touchées et d'innombrables éléments changent d'une gravure à l'autre, d'un moment à l'autre. C'est très artisanal et le résultat peut être décevant ou très satisfaisant, un peu comme en photographie amateur : c'est toujours une surprise :-)

Coin coin !

Commençons par un exemple soft : l'éternel, l'irremplaçable canard en plastique. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que je ne le prends pas sérieusement, je n'ai jamais réussi à le graver correctement. Pour les ceuses qui auraient plus de chance que moi et/ou voudraient essayer par eux-mêmes, voici l'image originale, que j'ai imprimé à 300dpi pour avoir des points suffisamment gros :

coincoin pixélisé

J'arrive à en caser deux sur une surface de 10×20cm mais il n'y en a jamais un qui ressort comme les autres. Sur cet essai-ci, bien que les 3 images aient été réalisées en même temps, on voit bien les différences. Peut-être est-ce dû aussi à l'âge des circuits et à leur fabrication qui utilise des résines photosensibles différentes (comme la couleur l'indique).

En elle-même, cette technique ne donne pas de résultat visuellement intéressant, sauf quand la plaque est vue en contre-jour : le contraste est correct et l'épaisseur de l'epoxy diffuse un peu la lumière, ce qui gomme tous les points. Les nuages de pixels se re-transforment en dégradés !

coin ! coin !

Portrait

J'avais déjà réalisé des portraits avec cette technique, et plus ou moins de succès aussi. Là j'ai tenté une première, avec une grande surface (20x30cm, la plus grande possible avec mon matériel) et un seul essai (ça coûte cher). J'avais depuis longtemps envie de réaliser le portrait de ma soeur et de mon neveu et j'ai enfin eu à la fois le temps et une photo qui s'y pretait.

Heureusement, tout s'est bien passé. Ce n'est pas parfait, comme on peut le voir en haut et en bas avec des zones mal insolées. L'impression a été réalisée à 200dpi et les points assez gros ont peut-être amélioré le résultat (par rapport à 300dpi). Une pixélisation de 100dpi devrait donc passer toute seule.

Evidemment, vue de face ou directement, le résultat n'est pas très beau :

Par contre, en transparence, sur de l'epoxy de 0,8mm d'épaisseur, le résultat est formidable.

Pour donner une idée de la finesse, vous pouvez comparer l'original et le résultat :

détail de l'image originale   examen de la finesse de gravure

Infographie

Le secret ne réside pas uniquement dans la chimie ou le processus, mais aussi dans la préparation de l'image elle-même. Je ne divulguerai pas de recette car cela dépend trop de l'image et d'innombrables paramètres. En fait, seule l'expérience et la maitrise de tous les détails font la différence.

J'ai tenté de graver mon avatar South Park et tout comme le coincoin, je n'ai pas réussi à le faire ressortir correctement, pour certaines raisons et d'autres qui m'échappent encore. En particulier, les à-plats gris sont difficiles en raison de l'insolation et de la gravure qui ne sont pas homogènes. La photogravure fonctionne (assez) bien pour les zones entièrement noires ou blanches et il faut trouver la bonne taille des points pour qu'ils ne disparaissent pas à la gravure.

 

Détail non négligeable, on remarquera que le choix du support est aussi important car ici, le logo du fabricant gâche aussi l'image. La prochaine fois, je ferai attention...

Il faudrait un jour que j'essaie de graver une mire pour tester mes capacités réelles de définition. Je sais que je peux atteindre une résolution de 200 ou 300 dpi dans les cas favorables mais je ne maitrise pas encore tous les paramètres. Cependant, pour faire des circuits imprimés électroniques, c'est déjà très bien, puisque je peux réaliser des circuits CMS au pas de 0,8mm sans effort.

Conclusion (pour cette fois)

Je sais que la technique de photogravure est utilisée industriellement dans de nombreux domaines comme par exemple dans les imprimeries et je ne peux pas rivaliser avec leurs performances. Mais il y a quand même un aspect expérimental très amusant (bien que le prix, lui, peut décourager).

Il reste encore deux points importants qui me permettraient de mieux réussir les circuits : d'abord, changer de méthode pour le transfert de l'image, par exemple en abandonnant l'insolation pour faire du transfert direct du toner sur le cuivre. J'ai entendu parler d'une méthode qui le rend possible mais il faut imprimer une feuille pour chaque plaque. Toutefois, les résultats risquent d'être de bien meilleure qualité, car la couche photosensible pose de nombreux petits soucis en elle-même.

L'autre point majeur d'amélioration concerne la chimie elle-même. J'arrive à m'en sortir avec la révélation à la soude (hmmm enfin bref, si j'arrive à faire du transfert direct, la question ne se pose plus) mais la gravure est ... pénible. Maintenant, avec des récipients plus grands, j'arrive à développer des plaques de 300×200mm mais le bain refroidit encore plus vite, il sature vite et il grave lentement. Très lentement, et pas (jamais ?) uniformément.

J'ai déjà tenté le persulfate d'ammonium, qui demande encore plus de produit et de temps, et je ne suis pas tenté par la méthode de l'eau oxygénée+HCl. Je connais des professionnels qui obtiennent un très bon résultat, mais chacun a son propre processus, donc pour des projets très spécifiques, je dois ressortir tous les produits, le matériel, les gants en vinyle, les rouleaux de papier essuie-tout, etc...

En tout cas, j'ai pu fabriquer un magnifique cadeau pour ma soeur et mon neveu, et je voulais le faire depuis très longtemps.

à bientôt !